Bouches-du-Rhône (Camargue, Crau, étang de Berre) - 24 au 27/01/08
Nous sommes quatre ornithos limougeauds et nous partons pour quatre journées dans les Bouches-du-Rhône...
24 janvier
En arrivant dans la région, nous fonçons immédiatement à Berre l’étang, où un Héron Vert est signalé en hivernage, comme c’était déjà le cas l’année précédente... Il s’agit d’une mention européenne tout à fait exceptionnelle pour ce petit héron américain, peut-être seulement la deuxième ou la troisième qui soit répertoriée...
Nous sommes en T-shirt... Le soleil est chaud, pas de vent…
Grèbe Jougris
Dans le petit port, nous observons un Grèbe Jougris tranquille qui nage et plonge entre les bateaux...
Grèbe Jougris
L’étang de Berre, immense, est envahi de Grèbes à Cou Noir que j’estime à plusieurs milliers et auxquels se mêlent des Grèbes Huppés moins nombreux… Des dizaines de Cygnes Tuberculés occupent les rives sableuses...
Un peu plus tard, nous découvrons le fameux Héron Vert... Il est installé au pied des roseaux, dans le canal de la station d’épuration, tout près du port... Très économe de ses mouvements, il n’offre au photographe que des poses minimalistes...
Héron Vert
Une Fauvette Mélanocéphale et un Serin Cini chantent tout près de là...
Nous passons ensuite par la décharge d’Entressen, où j’avais observé pas mal d’espèces au printemps dernier... Mais quelle odeur !...
Légèrement déçu : Cigognes Blanches assez nombreuses, Milans Royaux, quelques Milans Noirs, Goélands Leucophées pléthoriques... C’est tout...
Pour finir, un petit passage en Crau, à l’est vers le Mas Chauvet... Il est déjà tard et la lumière tombe... Dans les derniers prés avant les champs pierreux, nous découvrons neuf Pipits de Richard assez peu farouches, impossibles à photographier du fait de l’absence de lumière... Une grande haie d’arbres accueille un dortoir d’une quarantaine de Milans Royaux, auxquels se sont mêlés quelques Milans Noirs...
Le soleil se couche, une petite incursion sur les pistes de la Crau et la découverte d’une Pie-Grièche Méridionale immobiles sur un buisson, de plus en plus indistincte dans la lumière mourante...
25 janvier
Très tôt le matin, nous sommes au Mas d’Agon, un secteur de marais, au nord du Vacarès... On peut qualifier le temps de médiocre : un mistral modéré et froid, un ciel voilé…
Nous observons des Grands Cormorans, des Aigrettes Garzettes et des Hérons Cendrés...
Les Mouettes Rieuses sont nombreuses... Parmi elles, je découvre un Goéland Railleur et deux Mouettes Pygmées...
Dans la lumière encore incertaine, un groupe de dix Ibis Falcinelle tourne autour du secteur et se pose finalement assez loin derrière la végétation, hors de notre vue...
Des Bouscarles de Cetti lancent de temps en temps leur chant fulgurant, presque hystérique, depuis la végétation buissonnante...
Le Vacarès est le domaine des Grèbes Huppés et des Grèbes à Cou Noir...
Nous passons la fin de matinée et tout l’après-midi sur un isthme entre l’immense étang des Impériaux et celui de Consécanière, au sud-ouest de la Camargue... Nous espérons trouver le Chevalier Bargette signalé depuis quelques jours dans le secteur...
Au large sur les Impériaux, un groupe de dix Spatules Blanches passe envol... Les Flamants Roses sont bien présents dans l’eau peu profonde, survolés un instant par un Faucon Emerillon... Plusieurs centaines d’Avocettes Elégantes se tiennent au large, sur les hauts fonds...
Une Sterne Hansel évolue au-dessus de l’étang pendant de longues minutes... Il s’agit d’une observation intéressante pour un hivernant très exceptionnel...
Sur les vasières des Impériaux, les fluctuations de la marée renouvellent presque continuellement l’affluence des oiseaux : Bécasseaux Variables pléthoriques, nombreux Pluviers Argentés, Grands Gravelots, Bécasseaux Maubèches et Bécasseaux Minute, quelques Chevaliers Gambette... Et, en fin d’après-midi, alors que nous désespérions, la découverte dans la foule emplumée du tant désiré Chevalier Bargette...
Chevalier Bargette
Sur la terre ferme et dans la végétation rase, nous voyons d’importantes bandes de Linottes Mélodieuses...
Dans notre dos, Consécanière attire les anatidés, avec de très nombreux Canards Colverts et deux cent Nettes Rousses environ...
26 janvier
La journée est plus ensoleillée... Nous fonçons très tôt à la plage de Piémanson, à l’extrême sud-est de la Camargue... La mer est calme, pour une petite heure de sea-watching : nombreux Puffins Yelkouan tous en vol vers l’est, des Grèbes Huppés, quelques Fous de Bassan et deux groupes d’une dizaine de Macreuses Brunes... Tous ces oiseaux passent loin de la côte...
Nous explorons, en remontant vers le nord, les vastes bassins, appelés ici " baisses " ou " theys ", délimités par d’étroites digues...
Flamant Rose
Les Flamants Roses sont nombreux dans ce secteur, tout comme les Cygnes Tuberculés et les Tadornes de Belon...
Flamant Rose juvénile
Tadorne de Belon
Sur les vasières, nous observons quelques Bécasseaux Minute...
Nous passons ensuite à la réserve de Salin de Badon où nous payons une entrée et nous entendons dire que la photo est interdite, qu’un " garde veille " !... Quelle vocation écologique !... Je retrouve encore une fois cette habitude qu’ont beaucoup de gestionnaires d’espaces naturels : sous des prétextes de " service public ", ils s’accaparent jalousement les sites qu’on leur confie et se comportent in fine comme de parfaits potentats, délivrant leurs édits comme autant de lettres de cachet…
Le secteur est constitué de plusieurs étangs peu profonds, noyés dans une assez épaisse végétation arbustive... Pas grand-chose de passionnant, sinon quelques Canards Colverts, quelques Sarcelles d’hiver et de petites bandes d’Oies Cendrées...
Sur le dernier étang, j’arrive dans l’observatoire le premier et surprend un jeune Epervier d’Europe posé juste devant moi, légèrement à contre-jour, sur le sommet d’un arbuste... Tant pis pour le garde, je photographie : Hasta la revolucion !... Siempre !...
Epervier d'Europe immature
Nous quittons sans regret Salin de Badon et parcourons le secteur en voiture, avec l’espoir de trouver les Cygnes de Bewick qui sont sensés y séjourner... Nous finissons par les découvrir sur l’étang de Romieu, très loin au delà d’une étendue marécageuse impénétrable et défendue par de hautes haies... Nous observons depuis la route, dans de très mauvaises conditions... Ils sont une quinzaine, accompagnés de quelques Foulques Macroules et de Canards Souchets... Satisfaction et frustration se mêlent de façon ambiguë...
Nous partons ensuite pour le Sambuc, village près duquel une vaste roselière peut s’avérer intéressante... Nous y contactons des Panures à Moustaches, des Mésanges Bleues, de très nombreux Bruants des Roseaux et quelques Rémiz Pendulines... Au bord du sentier dans la végétation plus basse et broussailleuse, c’est une Fauvette Pitchou qui attire notre attention... Dans le ciel deux Cigognes Blanches se livrent à quelques acrobaties, en claquant bruyamment du bec...
Tout au long de la journée, nous avons croisé sur les prés et les cultures quelques espèces moins intimement liées au milieu aquatique : Faucons Crécerelles, Corneilles Noires, Etourneaux Sansonnets, très abondants Busards des Roseaux et Buses Variables, Tariers Pâtres, Pies Bavardes, quelques Busards Saint-Martin, Merles Noirs, Pinsons des Arbres, Pigeons Ramiers, Mésanges Charbonnières, Tourterelles Turques dans les villages et près des habitations…
Le soir, nous finissons à la tombée du jour au Mas d’Agon où nous retrouvons les Ibis Falcinelle de la veille, posés dans un marais, loin de la route où nous nous tenons... Quelques Grandes Aigrettes occupent également le secteur... Des Cygnes Tuberculés nous survolent dans le soleil couchant... Denier contact avec la Camargue : demain c’est la Crau, puis le départ !...
27 janvier
Nous partons de bonne heure du Mas Chauvet, à l’est de la Crau, pour traverser toute la plaine dans sa partie la plus large au nord, en direction du sud de St Martin de Crau... Les pistes caillouteuses sont ingrates et nous roulons tranquillement dans la lumière diaphane...
A l’entrée du secteur, vers le Mas Chauvet, une cinquantaine environ de Hérons Garde-Bœuf sont installés sur le toit d’un mas où ils ont dû passer la nuit... Nous longeons les prés où nous avions observé les Pipits de Richard quatre jours plus tôt, et les retrouvons facilement.., ils accompagnent une bande de Pipits Farlouses sur l'herbe rase encore figée par le gel matinal...
Pipit de Richard
La traversée du " désert " de la Crau est assez décevante : une bergerie accueille une bande de Choucas des Tours, une autre un Rougequeue Noir...
Au sud de St Martin, nous laissons la voiture et partons à pied dans une vaste parcelle détachée de l’ensemble et reconnaissable à un wagon abandonné qui rouille en bord de route... Nous nous déployons pour susciter l’envol des hôtes invisibles dans les herbes et la caillasse... Cà marche : une compagnie d’une dizaine de Perdrix Rouges, de nombreuses Alouettes des Champs, plusieurs bandes d’Outardes Canepetières comptant entre dix et quarante membres et, la cerise sur le gâteau, deux paires de Gangas Cata, extrêmement farouches qui s’élèvent et s’enfuient alors que nous sommes pourtant à une centaine de mètres du lieu où elles étaient posées...
C’était la dernière image – ô combien emblématique – du séjour... Direction l’autoroute et… ciao !...