Sud-est Turquie 2 - Euphrate, frontière syrienne et Kurdistan (11 au 13 mai)
Samedi 11
Birecik… Avant le petit déjeuner (olives, omelette, fromage, miel, confiture, pain, thé), je vais faire un tour sur les rives de l’Euphrate…
Le temps est assez couvert, mais ça va se lever !...
Quelques Goélands d’Arménie…
Goéland d'Arménie (1er hiver / 2ème été)
Tous très jeunes, excepté un quasi adulte qui va entrer dans son troisième été…
Goéland d'Arménie (2ème hiver / 3ème été)
Tous sur des bancs de vase dans le cour du fleuve... Un Crabier Chevelu avec eux…
Crabier Chevelu
Des Cormorans Pygmées et des Aigrettes Garzettes passent en vol… Quelques Grands Cormorans… Des Conreilles Mantelés qui traînent au bord des flaques...
Corneille Mantelée
Après le petit déjeuner, nous passons sur la rive ouest pour aller explorer des zones humides lovées dans une boucle du fleuve… Etangs, roselières, friches sèches… Dans un pré, des Ibis Chauves sont posés au sol, en compagnie de Choucas des Tours… Ils nous survolent, se posent sur un pylône un moment et regagnent leur colonie, sur les falaises que nous visiterons plus tard…
Ibis Chauves
Dans les roseaux, concert de Rousserolles Effarvattes et Turdoïdes, très nombreuses… Quelques Luscinioles à Moustaches aussi… Sur les rives nombreuses Prinias Graciles (encore une nouveauté) et quelques Bouscarles de Cetti… Les prinias sont peu farouches, très remuantes et se montrent volontiers sur les grandes tiges d’herbe quand elles chantent…
Prinia Gracile
Près des roseaux, des Bongios Nains insaisissables, observés à l'envol et disparaissant très vite à l'intérieur des grandes tiges : pénibles !...
Blongios Nain femelle
Un Héron Pourpré, des Gallinules Poules-d’eau… Passage d’Etourneaux Sansonnets peu nombreux et de Guêpiers d’Europe bruyants mais invisibles… Des Hérons Gardebœufs…
Dans les friches broussailleuses, quelques Moineaux de la Mer Morte s’agitent, assez bien dissimulés dans le feuillage mais bavards…
Moineau de la Mer Morte
Des Hypolaïs Pâles furtives et peu motivées par la pause photographique… Une Fauvette de Ménétries sur un tas de broussailles… C’est la seule que je verrai de tout le voyage et je prends les photos que je peux…
Fauvette de Ménétries
Impossible d’arriver plus près… Un Agrobate Roux partage avec elle le monticule de branchages… C’est mon premier, mais là ce ne sera pas le dernier…
Agrobate Roux
Au loin, quelques Rolliers d’Europe sont perchés sur des arbres, au ras de l’horizon… Un Coucou Gris et un Loriot d’Europe chantent à tour de rôle…
Pas trop mal en définitive… Le secteur ressemble en tous points aux zones humides que je fréquente en France, mais l’apparition d’espèces totalement « exotiques » à mes yeux le rendent particulièrement intéressant, et presque perturbant, tant je pourrais me laisser submerger par l’impression d’observer ces oiseaux improbables chez moi !…
On continue le long du fleuve… Mais au sud de la ville cette fois… Et rive gauche… Côté Eden… Je ne sens pas particulièrement de changement… Nos corps ne se nimbent d’aucun halo et les oiseaux ne viennent pas se poser sur nos épaules… Il y a des îles et des bancs de vases… Une route longe la rive, au plus près… A gauche des cultures, un fil et une clôture… Perchoirs assez pratiques pour l’observation : Moineaux à Gorge Jaune, Moineaux de la Mer Morte… Pies-Grièches à Poitrine Rose et Pies-Grièches Ecorcheurs…
Pie-Grièche à Poitrine Rose
Passage de quelques Pigeons Ramiers entre les arbres, pas si nombreux que ça… On s’arrête près d’une friche herbeuse, mêlant végétation rase et broussailles : notre premier Francolin Noir lance un chant tonitruant, mais reste invisible, malgré une séance de recherches relativement longue qui nous permet seulement de découvrir un couple de Chevêches d’Athéna… Des Cochevis Huppés sur la piste, nombreux… Des Corneilles Mantelées…
Maintenant sur le fleuve… Quelques canards : Fuligules Nyroca mâle isolé, quelques couples de Canards Colverts, un couple de Sarcelles d’été… Des Grèbes Huppés et des Grèbes Castagneux… De petites vasières accueillent quelques Bécasseaux Minutes et Chevaliers Sylvains… Des Vanneaux Eperonnés assez éloignés, pas très nombreux… Des Goélands Pygmées...
Cormoran Pygmée
Un Goéland Railleur descend le fleuve en vol… Hirondelles de Fenêtre, Hirondelles de Rivages, Hirondelles Rustiques et Martinets Noirs survolent les eaux à plus ou moins haute altitude, en chasse… Une Bondrée Apivore file vers le nord, assez haut dans le ciel…
Retour à Birecik… Direction le « Tea garden » où un couple de Petits-ducs de Bruce – version orientale du Petit-Duc Scops – passe ses journées, au repos dans de grands arbres, des eucalyptus notamment… A l’entrée, quelques Bulbuls d’Arabie dans le feuillage… Des Tourterelles Turques et Maillées… On lève la tête, arbre par arbre… Le ciel se couvre… Chaque fois qu’on traverse une terrasse, le patron vient nous proposer du thé… Mais l’orage monte, le ciel devient vraiment sombre… Imaginez –vous sous de grands arbres feuillus, dans la quasi pénombre, la tête en l’air, cherchant à une quinzaine de mètres de haut de petits oiseaux au plumage couleur écorce immobiles le long des troncs… Et dites-vous bien qu’il n’y en a que deux… Premières gouttes et premier Petit-Duc de Bruce… Simultanés… On ne voit presque rien tant c’est sombre… On voit juste qu’il est là, planqué derrière le feuillage, coincé entre le tronc et la branche d’un grand arbre, immobile et de la couleur exacte du bois… D’un seul coup, des trombes d’eau s’abattent sur nous… Les patrons des salons de thé ne cherchaient pas les hiboux… Ils ont disparu depuis un moment et ont viré tout ce qui devait l’être de leurs terrasses… Nous sommes seuls dans le noir et fonçons vers le bus…
Arrivée à l’hôtel où chacun fonce, l’un après l’autre depuis le bus, pour s’engouffrer dans la salle du café… Trois mètres à faire et l’assurance d’être complètement trempé… Surtout qu’on l’est déjà pas mal… On boit un thé et on décide d’aller faire une sieste d’une heure dans nos chambres pour attendre la fin de l’averse… Je me douche, je me change et je descends dans la rue… Je fume une cigarette sous l’avancée du toit… Dix minutes plus tard, la pluie a cessé… Il y a des piscines partout, d’immenses flaques qui changent les itinéraires, obligent voitures et véhicules en tous genres à dévier leurs trajectoires habituelles… En face, un gosse écope le déluge devant un magasin d’alimentation, il est armé d’un balai et repousse l’eau… Les gens se marrent… Petit à petit, comme la pluie diminue, la foule réapparaît… Le gosse a gagné !…
On monte dans le bus et on part au centre de surveillance des Ibis Chauves… J’explique : la population s’étiolait, disparaissait… De moins en moins d’oiseaux revenaient d’Ethiopie au printemps et personne ne comprenait pourquoi… Il faut dire que l’Ibis Chauve est l’un des espèces les plus menacées au monde : une population en Syrie, une autre – qui ne se porte pas trop mal – au Maroc et les oiseaux de Turquie… Pour éviter les pertes et la disparition de la population turque, on a décidé de capturer les oiseaux avant l’hiver et de les enfermer, afin d’être certains qu’ils ne s’évaporeraient pas dans la nature… On les nourrit, ils traînent dans le coin et se rassemblent sur les falaises où des nichoirs ont été installés… Je sais, c’est bizarre… On rencontre le responsable du site qui parle un bon anglais… Il nous explique que quelques oiseaux se reproduisent et que ça ne va pas si mal… Il dit qu’il n’a plus aucune nouvelle de la population syrienne depuis plus d'un an : le responsable de ce site, avec qui il était en contact, a été tué dans la guerre civile et depuis, silence sur les ondes !…
Ibis Chauve
L’ibis chauve est le symbole même de Birecik… Il y a sa statue à l'entrée de la ville et des gosses montent et descendent des bus pour visiter la réserve, juste à la sortie nord de la ville…
ibis Chauve
On voit des ibis qui se nourrissent sur le sol, d’autres sur les falaises, d’autres sur un pylône et pas mal sur les nichoirs… Certains couples nourrissent des poussins… Tous les oiseaux sont bagués, bien sûr… Mais quel est l’avenir de ce projet ?… La population orientale d’ibis chauves est-elle tout simplement en cours d’extinction ?… Je n’en sais rien, mais cette tentative farfelue vaut peut-être la peine… En tout cas, elle me permet d’observer ces oiseaux (dénaturés ?)…
Ibis Chauve
Après la discussion et l’observation, le thé bien sûr… Incroyable la place que cette boisson prend dans la journée… Symbole de bienvenue et d’hospitalité… Je profite de la pause pour photographier une Hypolaïs Pâle qui traîne dans les buissons proches du centre…
Hypolaïs Pâle
L'hypolaïs chante, rentre dans le feuillage et ressort sans arrêt... Je photographie machinalement, sans trop faire attention et tout en discutant... Eh bien, quand je regarderai les photos, je verrai qu'une fois - une seule fois ! -,, c'est un Pouillot Oriental qui est sorti du couvert végétal et non l'hypolaïs !... Et hop, une coche !... J'ignore si l'espèce est commune ou non ici, ni même si elle est "normale" !...
Pouillot Oriental
Il y a quelques Pigeons Bisets sur les falaises… Domestiques ou pas?… En tout cas, ils ont des plumages homogènes… Quel est leur statut ?…
Nous quittons notre hôte et partons pour les collines et les gorges au nord de Birecik… Le paysage est pelé, aride… Sur la route, premières Perdrix Choukar, sur un rocher, juste au-dessus du fossé… Un couple vite disparu… Des Cochevis Huppés, des Alouettes Calandres et Pispolettes… Un Tarier des Prés… Une Huppe Fasciée et un Moineau à Gorge Jaune… Des Pies-Grièches Ecorcheurs et à Poitrine Rose posées sur les fils…
On continue jusqu’à d'impressionnantes gorges qui plongent vers une retenue artificielle aménagée sur l’Euphrate… On s’arrête… Juste au-dessus du village d’Halfeti… Dans le ciel : Hirondelles Rustiques, Martinets Noirs, Hirondelles de Fenêtre et Rousselines chassent sans relâche… Un couple de Sittelles des Rochers est dans le secteur… Je vois un des oiseaux s’activer à plusieurs reprises sur son nid maçonné contre la paroi d’une falaise, trop loin pour la photo… J’entends ses cris… Un Monticole Bleu dans le même coin chante et vole de rocher en rocher… Loin… Quelques Agrobates Roux dans les broussailles et un Bruant Mélanocéphale qui chante en haut d’un arbre, dans la pente, totalement à contre-jour… Des Verdiers d’Europe dans un bosquet…
Et puis une Buse des Steppes - très difficile à distinguer d'une buse féroce avec son dessous roux - qui fonce en plein ciel sur un petit oiseau…
Buse des Steppes
Tous les deux piquent vers le sol et disparaissent… Au bout d'un moment, on retrouve la buse sous un buisson où elle piétine en vain, comme désemparée… J’ai vu sa proie repartir en vol quelques secondes après l’atterrissage… Mais elle buse ne le sait pas et elle cherche… Au bout de longues minutes, elle s’envole et commence à prendre les ascendances… Pas de chance pour elle aujourd’hui, un faucon crécerellette mâle apparaît et la harcèle sans interruption jusqu’à ce qu’elle finisse par quitter le secteur… Un Circaète Jean-le-Blanc fait du vol stationnaire au-dessus de la falaise, manifestement indifférent à toute cette agitation… Quelques Guêpiers nous passent au-dessus de la tête en criant… Il faut partir pour le retour des Martinets des Maisons à leur colonie de Birecik, juste avant la nuit…
Quarante kilomètres environ pour revenir près de la colonie d’ibis… A l’entrée nord de Birecik… On est à la bourre et il n’y a presque plus de lumière… J’enrage pour les photos… Une grande falaise, la route au pied et l’Euphrate de l’autre côté… Plein de monde partout, un jardin pour les enfants sur la rive, avec pelouse et jeux… Les Martinets des Maisons sont bien là et tournent au-dessus de nous, foncent vers les falaises, semblent hésiter pour s’y poser et repartent dans de nouvelles poursuites… Je mitraille, mais impossible de trouver les bons réglages : il faudrait que je règle le soleil !…
Martinets des Maisons
Plus haut tournent des Martinets à Ventre Blanc et des Martinets Noirs… Net croupion blanc pour le martinet des maisons et gorge pâle… Ca ressort mal sur les photos, qui en plus ne sont pas nettes… Le martinet des maisons est une espèce méridionale qu’on rencontre dans le Maghreb et au Moyen-Orient… Dans le parc, Tourterelles Turques et Maillées… Sur le fleuve, Goélands D’Arménie, toujours aussi jeunes !…
On rentre… Je mange encore de l’agneau, toujours de l’agneau… J’en crèverai, mais les kebabs sont bien épicés et je suis un dingue de l’agneau… Une découverte : un grand hanap argenté avec du yaourt mousseux mélangé avec de l’eau, en début de repas… Je commence à devenir accro… Et puis en déssert, des glaces à la consistance hybride, comme si la crème était mélangée à du chewing-gum… Mitko m’explique que c’est une spécialité du coin : on cueille certaines orchidées (manifestement protégées), on en extrait un suc et on le mélange avec la crème des glaces, ce qui donne cette texture… Et un goût très spécial… Vive la cueillette transgressive !…
La nuit tombe déjà...
Dimanche 12
Ce matin, le temps est maussade… Pas pluvieux, mais plombé… Ce sera la journée la plus parcimonieuse en soleil…
D’abord un tour sur les rives de l’Euphrate, dans le méandre humide où on était la veille, pour le cas où on aurait loupé des trucs… Rien de bien neuf… Les mêmes et : Martin-Pêcheur d’Europe, Bihoreau Gris, Blongios Nain, Cormorans Pygmées…
Cormoran Pygmée
Des Prinias Graciles, peu farouches, chantent dans tous les coins...
Prinia Gracile
Une Lusciniole à Moustaches dans une roselière... Je n'ai pas pu aller couper le roseau qui lui masque une partie du bec : il y avait trop d'eau entre elle et moi... L'espèce est relativement commune dans le secteur...
Dans le pré aux Ibis Chauves, des Corbeaux Freux on remplacé les choucas de la veille… On ne reste pas longtemps…
On repasse à l’hôtel pour déjeuner… Et on roule vers les steppes de l’est, à la frontière syrienne, direction Sanliurfa, première étape kurde… C’est l’ancienne Urfa, et ancienne encore Edesse…
On apprend que la veille un attentat a fait une quarantaine de morts à la frontière… On longe cette ligne invisible et on ne voit personne, juste le désert avec un peu d’herbe… Des steppes rases et des rochers… On apprendra le lendemain que l’attentat a eu lieu plus à l’ouest, dans une enclave turque qui descend le long de la Méditerranée et s’enfonce un peu dans le nord-ouest de la Syrie… Bien plus près de Gaziantep, en fait… On voit des panneaux indiquant Alep tout proches… La guerre civile est difficile à imaginer… Il n’y a tout simplement personne…
On fait quelques incursions sur des pistes et on s’arrête un peu pour traîner… Pas assez longtemps à mon goût… Je voudrais fouiller ces secteurs plus profondément… Prendre le temps d’apprendre à regarder et chercher ce qui bouge…
Premier arrêt, sur un tertre, à droite… Un bloc de béton domine l’ensemble, j’en ignore la fonction mais quelques Moineaux Soulcies y ont élu domicile… Des Cochevis Huppés, nombreux… Un Busard des Roseaux… Et surtout une famille de Traquets Isabelles… Nourrissage de deux jeunes sur des rochers… On ne traîne pas… Je fais de mauvaises photos…
Traquets Isabelles juvéniles
On suit la piste et je vois que Mitko cherche les gangas, les courvites et les perdrix… Je crains qu’on loupe des espèces plus petites… Alouettes Calandres, Pispolettes et Calandrelles… Des légions de Cochevis Huppés… Un couple de Chevêches d’Athéna dans un amas de rochers… Un Circaète Jean-le-Blanc qui chasse… Un Faucon Crécerelle… Demi-tour… Nombreux Traquets Isabelles… On retrouve la route et on repart vers l’est… Sur les fils Pies-Grièches à Poitrine Rose et Ecorcheurs…
Une station-service et une piste sur la gauche… On la prend… On s’arrête près d’un petit pont, avec un peu de végétation verte le long d’un ruisseau… L’eau doit être vraiment rare ici… On fait un « check »… Un pouillot Fitis au bord de l’eau… Une Hypolaïs d’Upcher chanteuse et juste aperçue dans la végétation… Une Caille des Blés invisible qui chante… Un Faucon Crécerelle qui nous survole un moment… Et puis un Traquet de Finsch qui traîne dans le coin, pas vraiment coopératif…
Traquet de Finsch
Nous observons longuement une Buse des Steppes (race orientale de la buse variable), posée sur le sol au milieu de nulle part…
Buse des Steppes
On fait une boucle et on rejoint la route, toujours vers l’est… On découvre en plein milieu du désert un complexe industriel, sans maisons autour, juste des usines de part et d’autre de la route… Ca s’appelle Orbinisan… On traverse cette incongruité et puis, tout de suite à la sortie, on prend à droite…
Enfin, en sortant de Suruç, à seulement 10 km au nord de la frontière syrienne, on voit une Perdrix Si-si sur un mur, bien en vue… Je fais une photo à traverse le pare-brise juste avant qu’elle ne s’envole… C’est flou !… On descend pour tenter de retrouver l’oiseau… Nada !… Une voiture de police arrive… « Jandarma » est écrit dessus : les gendarmes locaux… Ils nous demandent ce qu’on fait, probablement sur les dents à cause des attentats… Très vite, on discute oiseaux… Ils nous indiquent un coin où les perdrix si-si seraient nombreuses… On se fait des sourires, on se donne des poignées de main et on ne se comprend pas… Mais ils fraternisent facilement et on oublierait vite le contexte… Pendant ce temps, un Bruant Mélanocéphale chante sur un fruitier, dans un des vergers qui ceignent le village… Des Guêpiers d’Europe se font entendre, invisibles… Une Corneille Mantelée vole vers les maisons…
On reprend le bus et on roule vers le sud… La frontière syrienne doit être à moins de 10 km… Très vite on s’arrête pour observer un couple de Perdrix Si-si, dont les membres s'éloignent dans les rocailles...
Perdrix Si-Si
Et puis, un couple de Roselins de Lichtenstein qui se nourrit dans l’herbe du fossé, juste au bord de la route… Ils sont assez loin, mais on reste agglutinés autour de la voiture… Je fais les photos que je peux… Mitko nous a expliqué que s’ils s’envolent on ne les reverra plus, alors on fait gaffe !…
Roselin de Lichtenstein
On reprend la route… Des Traquets de Finsch et des Traquets Isabelles encore, quelques Roselins de Lichtenstein bien vite envolés… Une certaine frustration, j'aimerais m'arrêter plus longtemps dans ce coin…
On s’arrête pour manger tout près du centre de réintroduction des Gazelles à Goître… Vaste enclos avec des bâtiments sur un tertre… Immédiatement, deux mecs descendent du bâtiment avec un 4X4 et nous explique qu’il est interdit de photographier en direction de l’enclos… Je ne comprends pas pourquoi, mais ils sont sympas et on obtempère… Nous leur faisons remarquer une gazelle, au loin, en totale liberté… Ils nous expliquent que certains individus sont déjà retournés à l’état sauvage, mais qu'ils traînent encore autour du centre…
La frontière doit être à deux kilomètres… Mais il n’y a personne… Deux dromadaires, une vache...
Un troupeau de moutons apparaît sur un relief et vient vers nous… Le berger est loin derrière… Il nous fait un signe de la main et on lui répond… Et puis : « Jandarma » !… Un véhicule arrive… On discute avec les flics, encore, et on ne comprend rien… Mais c’est chaleureux... Ils sont armés jusqu’aux dents, souriants et fraternels… Photo !… On partage un thé…
On sent vraiment l’effervescence chez les forces de l’ordre et les évènements récents planent comme un doute sur toute la journée… Quant au ciel, il reste plombé…
Après le repas, on part vers Sanliurfa, l’ancienne Edesse qu’on frôle par l’ouest, direction nord… On va à Ilhan Köyu… C’est un village où est installée une colonie de Guêpiers d’Orient, la plus occidentale de Turquie… La végétation reprend ses droits… Les vergers et les cultures aussi…
C’est un village kurde, misérable et tout petit… Mais les gens viennent nous voir, nous proposent du thé et nous serrent la main, comme partout… Les Guêpiers d’Orient sont là, sur un fil au-dessus d’un talus où sont creusés leurs nids… Mais le soleil est absent… Les photos s’en ressentiront…
Guêpiers de Perse
Superbe et décevant à la fois… On reste un moment, espérant une éclaircie pour voir éclater les plumages à au soleil, mais ça ne vient pas…
Autour de nous : un Oedicnème Criard qui s’enfuit, des Agrobates roux, un Bruant Proyer qui chante, une Huppe Fasciée, Pies-Grièches à Poitrine Roses et Ecorcheurs, comme partout ailleurs… Quelques Etourneaux Sansonnets…
Retour vers Birecik… Juste après Ilhan Köyu, un petit rapace se tient sur un poteau téléphonique… C'est un Elanion Blanc !… Migrateur ?… L’espèce n’est pas connue comme nicheur en Turquie… On observe l’oiseau qui mange une proie…
Elanion Blanc
Et puis, il s’envole vers un pylône où il rejoint un second individu… Il y a des branchettes sur l’édifice métallique et c’est une première !… Mitko a l’air vraiment content de la découverte… Il faut dire que la Turquie est peu prospectée et que pas mal d’espèces doivent passer inaperçues… Tout le monde va sur les mêmes sites et de vastes zones sont délaissées par les ornithologues… Je fais de tristes photos sous une triste lumière…
Pour le retour, on prend l’autoroute, parallèle au nord à l’itinéraire du matin… C’est beaucoup plus rapide et beaucoup plus monotone… Il me semble avoir trop vite pénétré ces steppes qui mériteraient bien trois jours de recherches tranquilles… Un peu bâclé, avec un soleil brillant par son absence…
Retour à l’hôtel : agneau, yaourt !…
Lundi 13
On va quitter Birecik et le "vrai" Orient… J’ai aimé ce coin et ce départ me serre les tripes… J’aurais voulu passer au moins quinze jours ici… Pour le dépaysement, les gens et les oiseaux…
Un peu tour dans le coude de l’Euphrate pour tenter de voir le Cratérope d’Irak, espèce tout récemment découverte précisément ici, dans la zone relevant du paléarctique occidental… Mitko dit que c’est la première fois que ces oiseaux lui font faux bond… Ils sont normalement bruyants et remuants… Hier et avant-hier : rien !… On entrevoir finalement quelques spécimens, perchés sur de grands roseaux… Ils sont loin, mais c’est toujours ça… Il y a encore quelques années, on croyait que l’Irak abritait les populations les plus proches de l’Europe… On distingue le petit bec crochu et la longue queue en bataille… La lumière est médiocre et la distance trop longue pour des photos correctes… Mais c’est toujours ça !…
Cratérope d'Irak
En partant, un Moineau de la Mer Morte vient prendre la pause juste devant moi... J'en profite, jusqu'alors l'espèce s'était plutôt montrée farouche...
Moineau de la Mer Morte
Pas d’autres nouveautés dans le secteur et plus de 400 km pour rallier Camardi, dans les monts Taurus, au nord d’Adana…
On s’arrête quand même au « tea garden » pour une tasse et pour chercher le Petit-Duc de Bruce… On le trouve et cette fois la lumière est bonne…
Petit-Duc de Bruce
Mais difficile de trouver un angle dans le feuillage pour les photos...
Petit-Duc de Bruce
Saleté de branche !... Pour une fois qu'il ouvrait les yeux !...
Ca y est, on quitte le jardin, on monte dans le bus et on roule, direction nord-ouest...
