Oman (17 au 30 janvier 2025)
Mascate
Qurum Beach
Arrivée à Mascate, aux aurores… Dans l'avion, nous avons très peu dormi…
Nous récupérons le 4X4 à l’agence et filons vers la chambre d’hôte, à l’autre bout de la ville, au sud…
Après un petit-déjeuner réparateur, direction la plage de Qurum…
Un large estuaire sépare la ville en deux, d’un côté la lagune et les mangroves, de l’autre une plage immense qui fait face à l’Iran… Le détroit d’Oman… D’énormes cargos croisent à l’horizon...
Quelques Omanais longent la promenade… Les femmes en noir et les hommes en blanc, souriants, c’est presque immuable… Quelques touristes aussi, parfois incongrus pour certains tant leur accoutrement semble décalé avec le style ambiant… C’est calme et serein, malgré le passage continuel d’énormes 4X4 japonais… Étrange mélange de fric et de discrétion, pas désagréable au bout du compte… Une ambiance très détendue...
Une longue marche, avec une température parfaite d’environ 25 degrés… La marée est basse, de vastes étendues de sable humide sont abandonnées au soleil… Et aux oiseaux !...
Je fais mes premières observations…
Bulbul à Oreillons Blancs
Pas mal d'oiseaux vont et viennent entre la mangrove et les plantations de la promenade, au bord de la route... J'observe notamment pas mal de Moineaux Domestiques, des Tourterelles Maillées, des Martins Tristes, des Bulbuls d'Arabie et quelques Bulbuls à Oreillons Blancs...
Martin Triste
Des Cochevis Huppés parcourent les trottoirs en quête de nourriture, pendant que des Perruches à Collier fendent le ciel à toute vitesse, en poussant des cris sonores...
A la limite de la lagune, il y a un grillage, avec côté mer des esplanades pelées et de l'autre une sorte de mangrove... Sur ces zones découvertes, j'observe quelques couples de Vanneaux Indiens et de Francolins Gris... Ils semblent chercher leur nourriture sur le sol...
Vanneau Indien
Les Vanneaux Indiens semblent résolument plus farouches que les Francolins...
Guêpier à Sourcils Bleus
Je vois aussi quelques Guêpiers à Sourcils Bleus qui se perchent sur le grillage... Ils sont eux aussi relativement farouches...
Côté lagune, il y a également pas mal d'oiseaux, mais ils sont loin... Des Hérons Cendrés et une Grande Aigrette... Egalement un Courlis Corlieu... Et puis pas mal de petits échassiers, mais je n'ai que mes jumelles et la distance m'interdit des identifications rigoureuses...
Alors je me tourne vers la mer...
A plusieurs dizaines de mètres de la plage, je constate la présence de la plus grande bande de Grands Cormorans que j'aie jamais vue... Ils sont au moins 300 à se déplacer en groupe, probablement en pêche...
La marée est basse et les bancs de sable découverts par le reflux accueille pas mal d'espèces...
Assez nombreuses Aigrettes des Récifs, surtout des individus sombres, peu de blancs... Elles arpentent le sable à la limite de l'eau...
Aigrette des Récifs
Pas mal de Chevaliers Aboyeurs dans la même attitude...
Chevalier Aboyeur
Toute une population de petits oiseaux d'eau qui fouillent le sable mouillé... Les plus nombreux sont les Gravelots Mongols et les Gravelots à Collier Interrompu... Il y a aussi des Gravelots de Leschenault...
Gravelot à Collier Interrompu
Gravelot Mongol
Gravelot de Leschenault
J'observe aussi quelques Bécasseaux Sanderling qui, comme à l'habitude vont et viennent, accompagnant le flux et le reflux de l'eau... Et de moins nombreux Bécasseaux Variables, Bécasseaux Minutes et Tournepierres à Collier...
Bécasseau Minute
Enfin, je découvre un Phalarope à Bec Etroit qui se tient au bord de l'eau, à la limite du sable, ce qui pour moi constitue une attitude inhabituelle...
Phalarope à Bec Etroit
Et des goélands... Surtout des Goélands Bruns, très nombreux... Mais aussi des Goélands Railleurs et des Goélands Pontiques...
Goélands Railleurs
Goéland Pontique
Et surtout quelques Goélands Ichthyaètes, que je n'avais jamais vus... Un adulte internuptial qui longe la plage au-dessus de la mer et trois immatures, au reposoir sur le sable parmi les autres laridés...
Goéland Ichthyaète
Omniprésentes, les Sternes Huppées, en pêche ou regroupées à la limite des flots, dans un reposoir d'une centaine d'individus...
Sterne Huppée
Parmi toutes les Sternes Huppées, une Sterne Voyageuse... Une seule !...
Sterne Voyageuse
Je suis revenu sur le site à marée haute et c'était nettement moins intéressant... Quant à la lagune, je n'ai pas trouvé comment y accéder réellement !...
Qurum Park
Tout près de notre chambre d'hôte, il y a un très grand parc... Une immense étendue de verdure au milieu d'un pays implacablement sec et minéral... Pour notre malheur, nous sommes là pendant une période d'exposition florale, "les nuits de Mascate", et le site n'ouvre qu'à partir de 16h30... A ce moment une foule énorme et cosmopolite déferle dans les allées, dès l'ouverture des grilles...
Il y a des gens du sous-continent indien, d'Asie Centrale, de tout le moyen-Orient et du sud-est asiatique... Et bien sûr des Omanais, les hommes en blanc et les femmes en noir... En fonction des origines on ne se mélange pas, chacun partage son temps de loisirs avec ceux de sa communauté... On sent la prééminence des locaux, hautains et presque méprisants avec les immigrés... C'est troublant, mais c'est cependant très supportable, il n'y a pas d'agressivité et chacun vaque à sa déambulation de manière apparement détendue, dans la tenue de son choix...
Pour nous c'est différent, nous sommes des touristes et tout le monde se montre souriant et bienveillant avec nous... Tout ça est un peu troublant, mais parfaitement fluide, très exotique en fait !...
Pour les oiseaux, c'est une autre paire de manche... D'abord, il y a énormément de monde et nous devons foncer pour dépasser les premiers visiteurs, avant qu'ils ne fassent s'enfuir tout ce qui, juste avant, vaquait tranquillement à ses coccupations...
Ensuite, il ne reste environ qu'une heure et quart de clarté avant la disparition du soleil... Je fais ce que je peux, avec un immense sentiment de frustration car le site est un spot exceptionnel où les espèces sont nombreuses et, dans des conditions habituelles, relativement approchables... J'imagine les plans photos en temps normal et je me sens extrêmement frustré !...
Je vois bien sûr les oisaux qui constituent la trame du site : Perruches à Collier et Corbeaux familiers plus bruyants les uns que les autres, Moineaux Domestiques, Martins Tristes, Souimangas Asiatiques, Bulbuls d'Arabie, Capucins Bec-de-Plomb et Tourterelles Maillées... J'entends et aperçois quelques Tourterelles Turques, extrêment minoritaires... Je vois aussi quelques Bulbuls à Oreillons Blancs...
Sur les pelouses, relativement indifférents aux promeneurs, il y a quelques Bergeronnettes Grises et surtout une Tourterelle Orientale, hivernante régulière dans le secteur mais pas si commune que ça... C'est une première pour moi...
Tourterelle Orientale
Je vois également des Vanneaux Indiens...
Vanneau Indien
Des Francolins Gris se nourrissent sur l'herbe en couples, toujours assez proches des haies où j'imagine qu'ils comptent se réfugier en cas de danger...
Francolins Gris
Un peu plus loin, je découvre un immense bassin avec plusieurs petites îles artificielles, où de nombreux Crabiers de Gray se reposent, ainsi que des Vanneaux Indiens...
Sur l'eau, pas mal de Grèbes Castagneux et quelques Gallinules Poules-d'eau...
Enfin, en quittant le parc juste avant la disparition du soleil j'ai le temps de photographier les membres d'un couple de Rolliers Indiens installés tout en haut de lampadaires, juste au-dessus de la foule...
Rollier Indien
Je suis venu deux fois et chaque fois c'était pareil : grosse frustration et course contre le coucher du soleil !...
Mosquée Sultan Qaboos
Je ne suis pas très "visite de monuments", mais si vous allez à Mascate, fates un passage à la grande mosquée Sultan al Qaboos... C'est tout simplement extraordinaire... L'achèvement des travaux date de 2001 et l'ensemble du site paraît pourtant immémoriel... Comme quoi seul le clacissisme permet de prétendre vraiment à l'harmonie et, par conséquent, à l'appaisement des sens et au bien-être du visiteur... Bien sûr, les techniques des constructions sont ultra-modernes, mais le résultat est intemporel et représente exactement ce à quoi on est en droit de s'attendre ici et maintenant : c'est une mosquée, dans un pays arabe, digne des Mille et une nuits... Et les notion de dépaysement et de romanesque prennent tout leur sens...
Pour ce qui est des oiseaux, je n'ai pas trop fait attention, mon esprit était ailleurs...
Marina Bandar Al-Rowdha
Tout près de Mascate, de l'autre côté de la corniche à l'est, il y a la marina Bandar Al-Rowdha, un petit port niché au pied des collines... Le site est superbe et tranquille...
Nous avons prévu une sortie en mer et rejoignons le pilote du petit bateau sur lequel nous embarquons... Dès que nous avons franchi les jetées il s'avère que la mer est particulièrement agitée à cause du vent... Nous avançons face à une houle d'environ deux mètres et notre petite embarcation s'écrase dans un grand fracas d'éclaboussures à chaque franchissement de vagues... Impossible de faire des photos, tout bouge sans arrêt... Je vois des centaines de Phalaropes à Bec Etroit posés en groupe à la surface de l'eau, des Goélands de Hemprich et des Sternes Huppées partout, mais je ne peux rien fixer, même dans les jumelles... Pascale est terrorisée et le pilote ne me semble pas très à l'aise... Il finit par me proposer de rentrer au port et je lui donne mon accord... La sortie, qui devait durer deux heures, n'aura pas excédé un quart d'heure !... Je suis vraiment frustré...
Nous nous promenons dans la marina, où tout est calme à l'abri derrière jetées...
Goéland de Hemprich et Sterne Huppée
Dans les bassins, j'observe des Goélands de Hemprich et, posé sur un bateau, un Héron Strié de forme sombre...
Héron Strié
Il y a aussi des Sternes Huppées et des Goélands Bruns...
Corniche de Mutrah
Nous faisons une ballade le long de la corniche de Mutrah, à l'est de la ville... Le site est relativement beau, mais longé par une route très fréquentée et donc particulièrement bruyante...
Si vous y allez, je vous conseille de traverser le parc qui longe l'itinéraire pendant un moment, celà vous procurera un répit fort appréciable...
Autrement, attendez-vous à une côte découpée et escarpée, avec d'un côté la mer et de l'autre les collines... Je ne peux pas dire que j'en garderai un souvenir impérissable !...
Aigrette des Récifs
J'observe ici quelques oiseaux, mais le trafic et le manque d'accessibilité m'empêchent de me concentrer réellement sur ce point...
Arabian Nights Nook (Chambre d'hôte)
Et puis il y a l'hébergement où nous avons séjourné pendant tout notre séjour à Mascate... Je vous le conseille... Tout près du parc Qurum et de la plage du même nom... On peut se rendre en quelques minutes de marche sur les deux sites...
Dans la cour arborée et aux abords immédiats j'ai vu pas mal d'oiseaux, même si finalement j'ai passé peu de temps sur place...
Il y avait les sempiternels Martins Tristes, Moineaux Domestiques, Perruches à Collier, Tourterelles Maillées, Corbeaux Familiers et Bulbuls d'Arabie... De temps à autres des Guêpiers à Sourcils Bleus...
Souimanga Asiatique
Et j'ai pu photographier des Souimangas Asiatiques, omniprésents mais vraiment remuants...
Bulbul à Ventre Rouge
Enfin, un matin avant de partir en visite, j'ai eu la chance de voir un couple de Bulbuls à Ventre Rouge... Et de prendre quelques clichés... C'est mon seul contact avec l'espèce pour tout le séjour !...
Monts Hajar
Nous passons une journée dans les monts Hajar, la plus haute chaîne du pays qui culmine à 3000 mètres... C'est à un peu moins de 200 kilomètres au sud-ouest de Mascate... Dès que nous quittons la ville, la végétation se raréfie, ne subsistant plus vraiment que dans quelques palmeraies proches des villages ou le long des cours d'eau... Partout s'impose le minéral, sans véritable partage... Au milieu de ce paysage âpre, la richesse s'étiole petit à petit à petit et la misère prend le dessus... Seule la route prolonge encore l'opulence de Mascate : 4x4 voies, éclairage de bout en bout et un radar tous les kilomètres... Un ruban de modernité absolue à travers des paysages ancestraux inchangés...
Wadi Birkat
C'est un étroit canyon, au bout d'une longue piste... Nous avons laissé la voiture dans un village misérable où des gamins jouaient au foot, pieds nus, sur un lit de pierres tranchantes... Nous sommes partis à pied... Le calme était absolu et le lieu superbe, mais pour ce qui est des oiseaux j'ai été plutôt sevré... Nous avons marché longtemps dans le lit asséché de la rivière... J'ai bien observé quelques Pouillots Véloces dans les arbres et une Fauvette Babillarde... Enormément de Tourterelles Maillées autour des bergeries...
J'observe aussi des Guêpiers à Sourcils Bleus, lointaines et hors d'atteinte avec le relief... Quelques Bulbuls d'Arabie... Des Hirondelles du Désert...
Vraiment pas grand chose, aucune espèce que je n'ai vue ailleurs et abondante... Mais c'est beau et nous passons la matinée à progresser dans le wadi, puis à revenir...
Djebel Akhdar
Nous avons achevé cette longue ballade dans le wadi et reprenons la voiture pour emprunters les lacets d'une route vertigineuse qui conduit aux hauteurs du Djebel Akhdar, le massif le plus élevé d'Oman... Nous n'effleurerons qu'une toute petite partie de cette montagne...
Nous trouvons un endroit où stationner et nous partons à pied dans la caillasse, au milieu d'un paysage grandiose et minéral... Nous sommes parfaitement seuls...
L'impression que le monde nous appartient... Des troupeaux de moutons au loin et rien qui bouge...
Pour ce qui est des oiseaux, ça ne bouge pas beaucoup non plus !... Deux Traquets de Hume mâles se montrent sur de gros rochers ou sur des poteaux en bord de route, chacun sur son territoire... Ils sont très farouches et je ne parviens pas à faire de photo satisfaisante... Bon, je n'avais jamais vu cette espèce, alors je ne vais pas être trop exigeant...
Traquet de Hume
Deux Corbeaux Bruns qui passent au loin et c'est tout !...
En route vers l'océan Indien
Nous avons passé trois jours plein à Mascate et dans ses alentours... Maintenant nous partons vers le sud, en direction du littoral qui donne sur l'océan Indien... La route est longue et parfois monotone, à travers des paysages désespérément plats et pelés...
Collines au sud de Mascate
Quelques exceptions cependant... Juste au sud de Mascate, dans la région administrative d'Al-Dakhiliyah, la route s'élève et traverse un secteur accidenté...
Des collines jaunes ou rouges se dressent sur le paysage, ponctuées de palmeraies et de zones arborées proches des cours d'eau... Seulement quelques dizaines de kilomètres, mais c'est un respiration stimulante avant les terres inéxorablement plates qui nous attendent...
Je n'ai pas vraiment l'occasion de m'intéresser aux oiseaux, peu abondants à ce qu'il semble... Je note seulement la présence d'assez nombreux Rolliers Indiens, espèce qui disparaîtra définitivement du paysage une fois le relief franchi...
Ensuite c'est plat... De la terre et quelques buissons pendant des kilomètres et des kilomètres... Des dromadaires de tous les côtés, de plus en plus nombreux... Des stations-service, des constructions bancales, des villages et des petites villes qui semblent engagées dans un concours de laideur... Et des mosquées, de bout en bout... Il y en a une pour deux ou trois maisons seulement, minuscule mais inévitable... Et un kilomètre plus loin, le schéma se répète... Il ne sera pas dit qu'un fidèle aura pu manquer à son devoir à cause de l'absence d'un lieu de culte... La foi va chercher les hommes jusque dans les lieux les plus reculés, les plus improbables... Elle ne les lâchent pas d'une semelle... C'est presque terrifiant pour l'athée que je suis... Impossible d'y échapper...
Golfe de Massirah
Nous touchons l'océan Indien dans le golfe de Massirah, dans la partie centrale du long littoral qui borde le pays sur toute sa façade sud... La côte ici n'est pas belle...
Des installations de pêcheurs et des villages miteux... C'est très pauvre... Contraste immense avec la richesse de Mascate et sa profusion de modernité...
Dans la baie, la mer est peu profonde jusque très loin de la côte... Manifestement vaseuse... Des milliers d'oiseaux, très éloignés du rivage... Je vois des échassiers que je détaille sans rien de trouver que je ne verrais ailleurs... Je note la présence d'une bonne quantité de Flamants Roses, espèce que je n'avais jusqu'alors pas rencontrée au cours du voyage...
Sugar Dunes
Nous reprenons la route vers le sud et, au milieu de nulle part, nous nous engageons sur une piste sur la gauche, en direction de la mer... Il n'y a strictement rien, aucune installation humaine à des dizaines de kilomètres à la ronde... J'ai réservé deux nuits dans un hôtel au bord de l'océan Indien et je dois reconnaître que j'ai quelques craintes... J'ai trouvé le spot sur internet et contacté par téléphone une personne qui m'a dit qu'il me réservait une chambre, après avoir confirmé que l'hôtel était bien en ordre de marche... Pascale est extrêment stressée... La nuit est en train de tomber et nous avançons sur des pistes de plus en plus indistinctes, sans signal GPS ni panneau indicateur... Parfois une patte d'oie se présente et je dois décider de la direction à l'aide de mon seul bon sens... Je feins l'assurance !... La piste est sinueuse quand elle traverse de petits reliefs ou des dunes, je fais de mon mieux pour éviter les bancs de sable... Finalement, au bout d'une demi-heure un panneau se dresse à un croisement et indique l'hôtel... Cette signalisation est bien tardive et superflue puisque je vois l'éclairage du bâtiment qui n'est qu'à 500 mètres environ !... Ouf !...
Nous arrivons et découvrons une assez grande structure, manifestement toute neuve, juste au bord de la plage, avec la mer devant et les dunes derrière... Comme je le craignais, personne n'était au courant de notre arrivée, des travaux sont en cours et je ne suis pas certain que le lieu soit réellement opérationnel... Mais nous récupérons une chambre !... J'ai l'impression que nous servons de cobayes, mais ça ne me dérange pas... Il y a ici tout le confort souhaitable, le site semble magnifique et le prix est dérisoire...
Nous allons rester deux jours, au milieu d'une atmosphère spectrale et superbe à la fois... Le personnel est rare et discret, mais l'essentiel est assuré : nous pouvons manger et dormir... C'est un peu comme dans les contes de Mille et une nuits, quand un palais apparaît au milieu du désert... Nous constatons qu'un autre couple a découvert le royaume caché...
Il n'y a aucune construction le long de la côte sur des kilomètres et des kilomètres, aussi bien vers le sud que vers le nord... Je crains que ça ne dure pas longtemps et me félicite d'être venu ici tant qu'il en est encore temps...
Nous allons passer deux journées ici, faites de longues allades sur la plage, dans un sens ou dans l'autre, entre le désert et le mer...
Autour de l'hôtel et dans les dunes, très peu d'oiseaux... Deux couples de Corbeaux Bruns qui apparaissent sans qu'on sache d'où ils viennent...
Corbeau Brun
Quelques Traquets du Désert sur les palissades...
Traquet du Désert mâle
Des Moineaux Domestiques hyper-actifs dans les bâtiments aux heures les plus fraîches, qui semblent se volatiliser dès que le soleil monte dans le ciel... Tiens, je viens de remarquer que c'est bizarre de dire volatiliser pour des oiseaux !...
La végétation est extrêment rare, hormis quelques buissons, sur une étroite bande ,à la limite maximale où monte les marées...
Pour le reste c'est minéral...
La plage est tout simplement somptueuse... Interminable et vide...
On pourrait croire qu'on va s'ennuyer tant la perspective est monotone, mais c'est cette monotonie même qui suscite un perpetuel émerveillement... On se sent comment projeté aux temps où les hommes ne peuplaient pas encore la planète, témoin privilégié d'un monde sans conscience...
L'essentiel de notre activité est en fait, pendant ces deux journées, est de marcher inalassablement sur cette plage... Les lumières changent, les dunes, la mer et le sentiment de plénitude est total...
Et il y a des centaines d'oiseaux, par petits paquets ici ou là... En reposoir sur le sable ou en vol au-dessus de la mer... Des petits échassiers : Gravelots Mongols, Gravelot de Leschenault, Bécasseaux Sanderling, Tournepierres à Collier, des Chevaliers Aboyeurs, quelques Huîtriers Pies... Aussi des Goélands Pontiques, des Goélands Railleurs et des Goélands de Hemprich... Des Aigrettes des Récifs et des Hérons Cendrés... Un Balbuzard Pêcheur en maraude sur la mer...
Goélands de Hemprich
Des Sternes Caspiennes, très nombreuses patrouillent au-dessus de la mer, le long de la plage, approchant parfois suffisamment pour offrir la chance d'une photo...
Sterne Caspienne
Nous quittons Sugar Dunes après une seconde nuit passée sur place... Un petit pincement au coeur tant le site était magique... Il faut retourver la piste pour gagner la route qui descend vers Duqm, plus au sud... Toujours aucun panneau, toujours aucun signal GPS... Et les pistes toutes pareilles les unes aux autres quand elles se séparent en deux branches...
Après quelques hésitations et demi-tours, nous finissons par trouver notre chemin... Je ne me fie au bout du compte qu'au soleil, n'ayant aucun autre point de repère... Il faut qu'il soit dans mon dos et nulle part ailleurs, s'il se montre trop longtemps sur un côté de la voiture, je dois rebrousser chemin...
La route vers le "Big Empty" et Al Ghaftayn
Juste avant de quitter la piste pour prendre la route qui descend vers Duqm, nous traversons un petit secteur accidenté, avec petites collines et escarpements... Un peu de végétation aussi...
Il faut profiter du sud et s'en mettre plein les yeux car ensuite, c'est plat et pelé de bout en bout, jusqu'à notre étape du soir à Al Ghaftayn, tout près de la frontière saoudienne au nord...
Nous devons d'abord descendre vers le sud, jusqu'à la ville de Duqm, en longeant l'océan Indien à distance... Duqm est un port, un important complexe pétrolier, avec une immense raffinerie... C'est moche !... Nous tournons ici plein nord en direction de la frontière saoudienne... Les paysages restent invariés : plats, secs, pelés et poussiéreux... ce sera comme ça pendant 300 kilomètres, et autant demain... Les oiseaux que nous voyons en bord de route sont toujours les mêmes : Traquets du Désert, Corbeaux Bruns et pas de mal de Pies-Grièches des Steppes, sous-espèce de la Pie-Grièche Grise, dont pas mal d'individus passent l'hiver dans la péninsule arabique...
Al Ghaftayn
Nous arrivons en fin d'après-midi à Al Ghaftayn... Vious avez vu Bagda Café ?... Même impression, en plus dévasté... J'ai trouvé le spot par miracle, je ne sais plus comment... Il n'y a rien sur les sites de réservation en ligne et j'ai fini par réserver en direct, au téléphone, avec un interlocuteur qui parlait vaguement anglais... Je n'étais sûr de rien... Aucun hébergement possible sur des kilomètres avant et après, au moins 200 de chaque côté... Et il n'y a qu'une route, ravagée par le vent de sable... C'est au milieu du "Big Empty", la partie nord-ouest d'Oman, tout au long de la frontière saoudienne... Comme le nom l'indique, il n'y a rien ici...
Bref, c'est une station-service avec quelques maisons autour... Tout est rongé par la poussière... Des camions arrêtés sur un vague parking et le motel juste à côté... Derrière le bâtiement, ce qui semble être le parc de l'établissement transformé depuis longtemps en décharge public... Nous sommes reçus par le gérat, un Bengladais prénommé Abdullah qui nous conduit à notre chambre, de l'autre côté d'un patio... C'est propre, résolument vétuste, mais propre... Pascale est un peu perturbée... Pour ne pas enfoncer le clou, c'est secrètement que j'apprécie ce moment d'immersion dans le réel non touristique dont je me satisfais parfaitement... Nous sortons faire un tour dans le "parc", surveillant nos pas pour éviter de nous blesser sur des détritus ou de nous empêtrer dans des emballages en plastique répandus partout sur le sol... Quelques oiseaux, tout ce qu'il y a de plus banal : Moineaux Domestiques, Tourterelles Maillées et quelques Tourterelles Turques... La misère, conforme au lieu !...
Je crois que cette indifférence à l'environnement extérieur est déterminé par la culture... Tout investissement mental est dirigé vers la religion et la famille, avec pour l'observateur étranger l'impression troublante d'une cécité tranquille... Le monde n'existe pas ou alors seulement pour quelques secondes, tout se passera après... Alors pourquoi s'en faire pour lui... Le foyer doit être propre et protecteur pour la famille, de l'autre côté des murs ce n'est qu'une illusion qui ne durera pas... Ou un dépotoire... La prière et les rites religieux ponctuent chaque minute des hommes, déjà absents du monde où ils vivent... Tout est prévu à l'avance, impossible d'y échapper... Je crois l'avoir déjà dit mais personne ne peut invoquer l'absence de lieu de prière pour s'affranchir ne serait-ce qu'exceptionnellement de son agenda, il y a des mosquées partout !... Je suis à la fois fasciné et glacé par ce que j'observe et je comprends pourquoi l'homme a dû inventer des issues pour échapper à la mort et à ce monde qui le terrifie... Même si tout ce repli spirituel est à l'opposé absolu de mon matérialisme pratiquant, j'entrevois les ressorts qui peuvent envoyer un jeune homme au fond d'un monastère pour le reste de sa vie et le pousser à renoncer au monde : la paix au prix de la vie...
La fin d'après-midi est là et Abdullah nous demande ce que nous souhaitons manger, après nous avoir énuméré une liste de plats dont aucun nom n'évoque pour nous quoi que ce soit... Il voit notre désarroi et nous dit "Je m'en occupe"... Il nous intalle dans le patio, seuls à l'ombre d'un grand arbre dans lequel quelques Bulbuls d'Arabie viennent crier et s'agiter un instant avant de disparaître... Au bout d'un moment, il revient chargée de plats... Et repart... Puis revient chargé d'autres plats... Il réedite le manège deux ou trois fois... Notre table s'est chargé d'un véritable festin, nous sommes interdits, la bave aux lèvres, échangeant des regards incrédules... Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes : trois sortes de poulet, des boulettes de viande, du boeuf, des beignets de crevette, de la purée de pois chiche, du riz, des tomates, des piles de pain indien croustillant et gras à la fois... Et tout un tas de sauces... Nous ne parlons plus et sentons notre conscience nous abandonner pour nous laisser seul à la merci de notre cerveau reptilien... Nous nous jetons sur tout ça comme des chiens... Et nous mangeons pendant un temps que nous ne pouvons déterminer et qui nous échappe... Nous nous vautrons dans la joie des sens... Purement animal et tellement régressif... Nous n'arrivons pas à nous arrêter... Et puis, à un moment, il ne reste plus que des rogatons... Notre humanité nous revient peu à peu et nous prenons conscience du fait qu'il fait nuit noir, alors qu'au lacement de nos agapes il faisait grand jour... Nous n'en revenons pas de notre performance, confus et gênés, mais exultant encore... Je réalise que, dans le saisissement du départ, j'ai oublié de photographier la table du banquet qui semble déjà irréel et impossible... Tant pis, je fais un cliché des vestiges !...
Ensuite Abdullah nous rejoints et nous parlons longtemps de lui, de sa vie entièrement répartie entre le travail et des heures passées au téléphone avec les siens, tous restés au pays... Sept ans qu'il ne les a pas vus... Sa femme élève seule sa fille avec l'argent qu'il leur envoie dans sa quasi intégralité... Elle va étudier la médecine, ce qui le comble de fierté, et il paye pour cela son inscription dans une école privée supposée faciliter sa réussite... Il nous montre des photos et des vidéos, un éclair dans les yeux... Sa condition misérable et son dévouement absolu nous désarment... Et nous font de la peine... Il parle aussi de ses rêves d'occident et de France où il aimerait travailler, mais impossible d'obtenir un titre de séjour... Et il ne veut faire les choses que dans le respect des règles... Avant il travaillait sur un bateau de croisière... Toujours est-il qu'il nous a offert l'un des meilleurs repas de notre vie... Malgré nos craintes raisonnables, nous passons une excellente nuit !...
Toujours le "Big Empty", vers Salalah
Nous partons de bonne heure et roulons vers l'ouest... Toujours la même désolation, la même absence de relief et la même poussière...
Il n'y a pas de vie, seulement des Pigeons Bisets de sang résolument domestique, qui se nourrisent par dizaines sur les bas-côtés... Je ne sais pas d'où ils sortent !...
Parfois, quelques élévations du sol viennent rompre la monotonie...
Au bout d'une centaine de kilomètres, je m'engage à droite sur une piste que j'avais repérée en préparant le voyage...
Elle doit nous conduire vers le nord jusqu'à une oasis où je souhaite passer la matinée, à une vingtaine de kilomètres de la frontière saoudienne... Aucun panneau bien sûr... Très vite, perte des signaux GPS et mobiles... Je vais devoir me fier à mon souvenir de la carte et choisir les bonnes directions quand les pistes se divisent, ce qui arrive trop souvent à mon goût !... Pascale a des sueurs froides, convaincuE que nous ne retrouverons jamais notre chemin et que nous allons mourir de soif...
L'oasis Muntasar
Nous finissons par trouver l'endroit... C'est une véritable oasis, pas un plan bidon pour les touristes, c'est exactement ce que je cherchais...
Personne et, hormis quelques traces de pneus dans la boue séchée, aucun signe de passage... Une grande flaque d'eau au milieu, avec des joncs et de l'herbe autour, quelques arbres et c'est tout...
Très vite, le désert reprend ses droits au-delà d'une étroite zone de transition où la végétation s'étiole, devient presque minérale et disparaît enfin... Nous allons passez une bonne partie de la matinée ici... Je m'y sens bien, comme dans tous les lieux loin des hommes et improbables...
Je prends la mesure des temps où les hommes traversaient les déserts en pointant leur route d'oasis en oasis... J'essaie de deviner quels repères ils pouvaient bien prendre dans l'immensité plate et monotone, je me dis qu'ils n'avaient pas le droit de se tromper...
Il y a aussi des oiseaux dans le coin, moins nombreux cependant que ce à quoi je m'attendais.. Je découvre des Pipits Farlouses au bord de l'eau et dans les arbres proches, plutôt abondants... Je vois aussi quelques Pouillots Véloces qui doivent passer l'hiver ici... Il y a un couple de Traquets du Désert... Quelques Bergeronnettes Grises...
Traquet du Désert femelle
Surtout, je parviens à découvrir une Fauvette Naine, espèce qu'à ce jour je n'avais encore jamais observée... La bête est remuante et difficile à photographier, elle se déplace sans arrêt, de broussaille en broussaille, disparaissant fréquemment dans le couvert... Je parviens quand même à faire quelques mauvais clichés...
Fauvette Naine
Et puis, soudain, on pourrait croire que l'heure de boire a sonné... Un troupeau de dromadaires surgit de nulle part...
Il y a quelques secondes, il n'y avait rien et tout à coup ils sont là... Les animaux arrivent tranquillement, les uns derrière les autres... Ils sont très espacés, les premiers boivent déjà quand d'autres ne sont encore que des taches indistinctes, à plusieurs centaines de mètres au fond de l'horizon...
Au même moment j'entends des cris au-dessus de ma tête... Ce sont deux couples de Gangas à Ventre Brun qui veulent boire... Je crois que notre présence les perturbe... Première observation de l'espèce...
Gangas à Ventre Brun
Un peu plus tard, les Gangas à Ventre Brun sont remplacés par une bande d'un trentaine de Gangas Tachetés, encore plus bruyants... Ils survolent l'oasis à de très nombreuses reprises...
Gangas Tachetés
Je me demande si la concomitance de l'arrivée de ces oiseaux avec celle des dromadaires est le pur fruit du hasard ou si elle répond à un déterminisme dont les mécanismes m'échapperaient...
Le temps passe et il faut partir, nous devons être ce soir à Salalah, sur la côte de l'océan Indien, tout près de la frontière yéménite...
J'aurais voulu rester ici toute la journée, et plus encore...
Jusqu'à Salalah
Nous sortons des pistes et reprenons la route, immuable, qui s'incurve bintôt vers le sud... Un petit arrêt "cigarette" et un coup de chance... Une Moinelette à Front Blanc, un mâle, vient picorer tout près de la voiture alors que je m'apprête à ouvrir ma portière... C'est une première pour moi, je n'avais jamais vu cette alouette... Je fais quelques photos...
Moinelette à Front Blanc
Nous reprenons la route et roulons pendant des kilomètres et des kilomètres à travers l'immensité sableuse...Contrairement à la veille et au matin, je vois quelques Sirlis du Désert en bord de route...
Nous atteignons enfin une zone assez escarpée, qui s'effondre brutalement sur l'étroite plaine de Salalah, large d'une quinzaine de kilomètres... Je m'arrête un moment sur les hauteurs, avant d'attaquer la descente... D'un seul coup, il y a beaucoup d'oiseaux...
Des Corbeaux à Queue Courte font des acrobaties au-dessus du relief et viennent se poser sur les fils électriques qui courent en bord de route...
Corbeau à Queue Courte
Un Aigle des Steppes juvénile plane sur les escarpements, à moitié sur la plaie, à moitié sur les hauteurs, lointain...
Aigle des Steppes juvénile
Un Aigle Impérial, juvénile lui aussi, nous survole d'assez près et m'offre la possibilité de quelques photos correctes...
Aigle Impérial juvénile
Quelques Rufipennes de Tristram sont installés dans le coin, perchés sur les poteaux ou les fils en bord de route... Des Hirondelles Isabellines vont et viennent en tous sens... Incroyable, comme d'un seul coup la faune a changé...Nous ne restons pas plus d'une quinzaine de minutes sur le site qui me paraît pourtant plutôt intéressant...
Salalah et sa région
Dans la plaine nous retrouvons un milieu anthropisé... Un choc... Des voitures dans tous les sens (mais pas trop), des gens et une débauche de mordernité et d'irrigation... Les routes à quatre voies diffusent dans tous les sens au milieu d'espaces verts dignes d'un parc anglais... Nous traversons Salalah d'ouest en est, au milieu des souks et des malls, des mosquées et des hôtels de luxe, des chantiers et des immeubles flambant neuf... C'est le contraste de Mascate qui recommence à 1 000 kilomètres de l'autre côté du désert...
Installation
Nous arrivons à l'hôtel, à la sortie de la ville... Ici, nous retrouvons le confert et les poncifs du tourisme international... Tellement international d'ailleurs que la majorité de la clientèle est constituée d'Ouzbekhs en voyage organisé... Leur groupe est parfaitement hétéroclite et mèle des Asiatiques sortis tout droit des Cavaliers de Kessel à des Européens aux traits slaves... On comprend, en les observant, à quel point le communisme soviétique a pu déplacer et brasser les peuples dans les anciennes républiques de son empire, sans parvenir pour autant à faire émerger l'Homo sovieticus tant attendu du Grand Soir...
Dans l'hôtel, j'observe des Hirondelles Isabellines, des Bergeronnettes Grises autour de la piscine, quelques Capucins Bec-d'Argent dans les massifs et un Circaète Jean-le-Blanc qui survole le site...
Khawr Awqar
En fin d'après-midi, nous quittons l'hôtel à pied, pour suivre de longues avenues sans charme et poussiéreuses, bordées de bâtiments modernes et hétéroclites... Nous marchons vers la mer, pour finalement emprunter une piste qui va vers la mer au milieu de larges étendues sableuses et broussailleuses... Une rangée d'arbres dissimule un estuaire invisible que nous retrouverons, à découvert, tout près du rivage... Je ne sais pas si "khawr" veut dire "estuaire" en arabe, mais toujours est-il qu'ici comme ailleurs, chacun de ces sites porte ce nom... Selon les endroits et les saisons, les cours d'eau atteignent la mer ou non, ils forment des étangs lagunaires plus ou moins grands, ou sont parfaitement à sec... Ici, à quelques mètres du rivage, le fleuve s'arrête net et forme un étang entouré de roseaux et d'arbres, comme épuisé et découragé si près du but...
Avant d'arriver à cette lagune, nous traversons broussailles, rangées d'herbe et esplanades sableuses... J'observe quelques Capucins Bec-de-Plomb dans les zones un peu ombragés... Je pensais qu'ils n'étaient présednts que vers Mascate, dans le nord, etqu'il n'y avait dans le sud que des Capucins Bec-d'Argent !... Probablement que les premiers cités ont colonisé la ville de Salalah assez récemment...
Capucin Bec-de-Plomb
Dans les broussailles j'observe une Prinia Gracile... Il y a aussi quelques Pies-Grièches Isabelles, toutes juvéniles... Des oiseaux venus passer l'hiver sous des latitudes plus clémentes...
Je vois aussi, dans le même secteur une Prinia Gracile...
Pie-Grièche Isabelle juvénile
Un Aigle Criard arrive des terres, assailli par une nuée de Corbeaux Familiers... C'est un juvénile... Il se réfugie dans les arbustes de la mangrove où il disparâit au bord de la lagune... Les corbeaux continuent à le harceler, méthodiquement... Ils sont une bonne centaine...
Aigle Criard juvénile et Corbeaux Familiers
Je vois aussi des Galinules Poules-d'eau, le long des roseaux, et des Flamants Roses, juvéniles pour a plupart...
Sur les rives du petit étang, d'autres Corbeaux Familiers, se tiennent à la limite de l'eau... Certains prennent un bain... Ils sont vraiment Familiers... Et bruyants...
Corbeau Familier
Non loin d'eux, un Bécasseau de Temminck se nourrit à la limite de l'eau, peu farouche...
Bécasseau de Temminck
J'observe aussi un Traquet Motteux, installé sur un muret... Encore un hivernant...
La plage est juste derrière nous... Sur le sable, de très nombreux Gravelots Mongols, accompagnés de Gravelots de Leschenault, courent dans tous les sens...
A la limite des vagues, des Goélands de Hemprich semblent s'installer pour la nuit...
Goéland de Hemprich
Plus loin, une Aigrette des Récifs arpente le sable humide...
Aigrette des Récifs
Ayn Hamran
Dans les jours qui viennent, je vais très souvent retrouver le terme arabe "Ayn" ou "Aïn" au début du nom des lieux que je vais visiter... En arabe, ça veut dir "oeil", mais aussi "source dans le désert"... La plaine de Salalah est entourée, au nord de montagnes très abruptes et c'est au pied de ces reliefs que jaillissent effectivement de nombreuses sources... Le débit est saisonnier et le lit de certaines d'entre elles est parfaitement sec en janvier... Il faut dire que la région de Salalah est la seule de la région à jouir du climat de l'océan Indien, avec un phénomène de mousson et donc des pluies en été... Toujours est-il que chacune de ces sources, surtout quand elle est en eau, est véritablement un hâvre de vie au milieu d'étendues sèches et impitoyables... Il y a des arbres et une végétation épaisse sur les rives des cours d'eau qui jaillissent au pied des escarpements... Il y a de la vie...
On comprend que le mythe du jardin d'Eden soit né dans cette région, entre l'Irak et l'Arabie... Il ne pouvait en aller autrement... Quand vous avez passé des journées dans la poussière d'un environnement obstinément monochrome et dénué d'ombre, votre arrivée dans une oasis fait exploser une épiphanie de couleurs et de sensations... C'est un miracle et vous baignez pendant de longues minutes dans un bien-être primaire et abruti... Vous avez envie de remercier quelqu'un, même quand comme moi vous ne croyez en rien !...
En plus, on trouve de nombreux oiseaux qu'il n'y pas ailleurs, souvent des espèces africaines...
Ayn Hamran est le premier de ces sites que nous visitons... Il faut d'abord traverser Salalah d'ouest en est, puis tourner à angle droit vers le nord en traversant la plaine pelée sur une petite dizaine de kilomètres... Les sources sont nichées au pied de la montagne...
Avant même d'apercevoir les premiers signes de végétation, je vois un magnifique Aigle Impérial posé sur un tout petit monticule, pas très loin de la voiture... Je m'arrête pour assurer quelques photos... Je d"écouvrirai plus tard qu'il s'agissait d'un adulte de type oriental...
Aigle Impérial
De l'autre côté de la route, je découvre une toute petite dizaine d'alouettes qui cherchent leur nourriture dans la rare végétation, de touffe d'herbe en touffe d'herbe... Ce sont des Moinelettes à Front Blanc, toutes femelles et bien plus difficiles à identifier au premier coup d'oeil que des mâles... Je ne comprends pas, d'ailleurs, pourquoi seul ce sexe est représenté, à moins qu'il s'agisse en fait de juvéniles... J'avoue être un peu perplexe !...
Moinelette à Front Blanc femelle
Plus loin, la route s'affaise et nous commençons à découvrir la végétation du site... Ay Hamran fait partie des sources qui ne coulent pas en hiver... Le lit de la rivière traverse une zone boisée, on en devine le cours sans difficulté, mais il n'y a pas une goutte d'eau... En cette saison, tout est capté et dirigé vers un bassin situé quelques dizaine de mètres en aval et qui s'écoule dans un petit canal maçonné qui serpente au milieu des arbres...
Le site est néanmoins très agréable et nous uy passons toute la matinée...
Et là, je me consacre aux oiseaux... Avant tout, des Tourterelles Maillées et des Bulbuls d'Arabie partout, bruyants et dissipés...
Les Bruants Cannelles sont partout, dans les arbustes clairsemés de la zone intermédiaire qui sépare la végétation dense des secteurs arides... Ils chantent, bougent et viennent s'abreuver le long du canal d'irrigation... Un première pour moi...
Bruant Cannelle mâle
Bruant Cannelle juvénile
Il y a également de nombreux Capucins Bec-d'Argent, minuscules, qui se déplacent en petits groupes dans les arbustes...
Capucin Bec-d'Argent
Dans la végétation plus épaisse qui croit sur le rives asséchées de la source, j'entrevois des Grands-Verdiers d'Arabie, remuants et cachés dans le feuillage... C'est plus facile avec les Tchitrecs d'Afrique, plus confiants et bruyants, que je parviens à approcher et à photographier... Les trois espèces que je viens de citer constituent pour moi des premières... Il faut dire qu'au Yémen et dans une petite partie méridionale d'Oman, des espèces africaines débordent un peu de leur continent sur la péninsule arabique toute proche, constituant une faune très localisée originale...
Tchitrec d'Afrique
Je m'attarde un bon moment sur une Fauvette d'Arabie particulièrement coopérative...
Fauvette d'Arabie
Tout le secteur est peuplé de Souimangas Brillants et de Souimangas de Palestine... Couleurs éclatantes et métalliques pour les mâles des deux espèces... La moisson continue, je n'avais encore jamais vu de Souimanga Brillant...
Souimanga Brillant mâle
Souimanga de Palestine mâle
Un peu plus loin, en m'éloignant de la source proprement dite et en approchant du secteur irrigué, j'observe un Traquet à Queue Noire...
Traquet à Queue Noire
Il y a aussi des Zostérops d'Abyssinie, frénétiques, dans les broussailles... Une autre croix sur ma liste !...
Zostérops d'Abyssinie
Un troupeau de vaches arrive tranquillement de la plaine aride et vient se désaltérer dans le canal maçonné...
Dans ce secteur, également bien végétalisé, j'observe les espèces que je viens d'évoquer, mais également une Bergeronnette Citrine en plumage internuptial qui cherche sa nourriture dans les flaques ombragées...
Bergeronnette Citrine internuptiale
Un peu plus loin, c'est une Rousserolle Effarvatte insaisissable que je découvre, émergeant par moments d'une touffe épaisse de plantes aquatiques... Impossible de faire une photo...
Khor Rori
Un vaste estuaire, entre Salalah et Mirbat... Le désert vient s'écradr jusqu'à l'océan Indien, mais un fleuve côtier descendu tout droit du relief qui délimite la plainte de Salalah au nord vient faire exploser sur quelques centaines de mètres carrésla couleur verte dans un infini d'ocre et de bleu... De part et d'autre du site, des falaises côtières font comme un écrin au site et parachèvent son épiphanie... Il y a de la vie ici... Et il y en a eu depuis longtemps, comme en témoignent les ruines datant d'une période allant du III° siècle avant J-C au V° de notre ère... Aujourd'hui, il n'y a plus d'occupation humaine depuis longtemps, mais la vie animale est abondante et variée...
Comme souvent dans les zones humides un troupeau de Dromadaires surgit de nulle part et vient se désaltérer dans le cours d'eau... Ils repartent comme ils sont venus... En me documentant, j'apprendrai que tous les dromadaires d'Oman sont porteurs d'une puce électronique qui identifient leur propriétaire...
Le long des berges de la rivière et de la lagune qu'elle forme juste avant la plage, j'observe de nombreuses espèces d'échassiers : Hérons Cendrés, Aigrette des Récifs, Chevaliers Arlequins, Chevaliers Aboyeurs, Courlis Corlieus, Bécasseau Variables et autres... Je vois aussi dans l'eau peu profonde de la lagune des Goélands Railleurs, des Goélands Bruns, une douzaine de Guifettes Moustacs et une Guifette Leucoptère... Il y aussi un tout petit groupe de Sarcelles d'hiver... Quelques Flamants Roses... Curieusement, je ne ramène de photos, ayant passé trop de temps à détailler le groupe de guifettes qui me posait problème à cause du contre-jour...
Nous marchons longuement, jusqu'à la mer, tantôt sur les rivages végétalisés, tantôt dans les zones arides toute proche où le désert reprend ses droits, tantôt sur la plage... Pas grand chose dans les zones minérales : des Hirondelles Isabellines qui nous survolent et quelques Traquets du Désert...
Nous surprenons un Renard d'Arabie qui s'éloigne de nous en trottinant et en se retournant à de plumtiples reprises... Il s'agit d'une race du Renard Roux, répandue dans toute la péninsule Arabique... Il est très différent du type générique, avec des oreilles bien plus grandes et une allure plus élancée...
Al Mughsail
Tout au bout d'Oman, à la frontière avec le Yémen, il y a Al-Mughsail... En fait, il n'y a rien, juste des parkings vides et un paysage grandiose... C'est le bout du pays... Surtout, et ça c'est le plus important, il n'y a personne... Le paysage est grandiose... Des montagnes au nord, à l'est et à l'ouest ; au sud l'océan Indien, bleu vert... De l'autrre côté de la plage, une lagune toute bleue, les collines ocres ou noires derrière et le soleil partout... Tout ça est à nous pour quelques heures... Nous pouvons aller où nous voulons, la plage semble infinie... 25 ou 26 degrés de température ambiante, l'idéal !...
Nous commencons par longer un moment la rivière, large et peu profonde, elle vient se jeter dans la lagune sans vraiment atteindre l'océan... Verdure au milieu du désert, ça devient une habitude... Une habitude dont on ne se lasse pas...
Il y a des oiseaux sur les rives : Hérons Cendrés, Foulques Macroules, Galinules Poules-d'eau... Dans les terres pelées, comme youjours de Traquets du Désert... Quelques Corbeaux Bruns et un Faucon Crécerelle sur un fil...
Nous traversons un pont où passe la route et, de l'autre côté, découvrons la lagune, vaste, avec les montagnes du Yémen en arrière-plan...
Il y a beaucoup d'oiseaux sur les rives... Tout un cortège de petits échassiers : Gravelots Mongols, Gravelots de Leschenault, Bécasseaux Variables, un Grand Gravelot... Dans l'un de ces groupe, je découvre un Pluvier Fauve, nettement plus gros, ma première observation de cette espèce...
Pluvier Fauve
Encore des Foulques Macroules au milieu du plan d'eau et quelques Sarcelles d'hiver... Une dizaine de Flamants Roses et quatre Spatules Blanches... Je vois aussi des Chevaliers Aboyeurs...
Spatules Blanches
Sur quelques rochers qui dépassent de la surface de l'eau, quelques Guifettes Moustacs se reposent... Dans l'eau peu profonde, j'observe près du rivage, mon premier Jacana à Longue Queue...
Jacana à Longue Queue
Nous faisons tout le tour de la lagune et bifurquons vers la mer...
Sur la plage, évidemment, nous croisons de nombreux petits groupes de Gravelots à Collier Interrompu...
Des Hérons Cendrés et des Aigrettes des Récifs, solitaires, arpentent la limite des vagues... Des Goélands Bruns, des Goélands de Hemprich et quelques Goélands Ichthyaètes passent au-dessus de la mer, tout près du rivage...
Goéland Brun
Des Sternes Caspiennes et des Sternes Caugek, beaucoup moins nombreuses, occupent à peu près la même zone, plongeant fréquemment à la recherche de nourriture... Je repère une Sterne Voyageuse parmi elles...
Sterne Voyageuse
Il y a aussi une dizaine de Fous Bruns à la recherche de nourriture et qui longent la côte, à bonne distance du rivage... C'est une première pour moi...
Fou Brun
Je les observe à de nombreuses reprises alors qu'ils plongent comme des flèches pour transpercer la surface de l'eau et fondre sur leur proie...
Fou Brun
Nous marchons très longuement sur la plage, les pieds dans l'eau qui semble être à 30 degrés... Pas de maillots de bain, mais nous y rentrons quand même... La seule limite, c'est mon appareil photo !... Nous baignons dans le bien-être, silencieux et sûrs de nous...
Et puis j'ai de la chance... Je regarde la mer et je vois un oiseau noir, posé sur l'eau qui apparaît et disparaît avec le passage des vagues... C'est un Cormoran de Socotra, jamais vu jusqu'alors, et le seul du voyage... Malgré la distance, je fais quelques photos pour garder un souvenir...
Cormoran de Socotra
Nous nous dirigeons vers les parkings qui s'appuient contre une côte rocheuse côté Yémen... Il y a de très nombreux Rufipennes dans ce secteur... Ils sont très actifs, se chamaillent et bougent sans arrêt...
Rufipenne de Tristram
Nous prenons un sentier qui montent dans les falaises pour atteindre une esplanade qui offre la vue sur la côte rocheuse... Nous n'irons pas plus loin, car ça ne va simplement pas plus loin !...
Il y a un couple de Traquets d'Arabie sur le bord des escarpements... Je ne vois le mâle que très brièvement et ne parvient à photographier que la femelle, nettement plus terne... En core une première pour moi...
Traquet d'Arabie femelle
Nous regagnons la voiture, quittant à regret ce lieu magique... Très peu de véhicules passent sur la route qui va vers le Yémen, il faut croire que les échanges entre les deux pays sont très restreints... Mais pas pour tout le monde, une longue file de dromadaire arrive de l'est en longeant la chaussée, chaque animal à une distance très respectable de l'autre...
Ce genre de scène illustre parfaitement le sens du mot "dépaysement"... Il ne m'en faut pas plus pour être heureux...
Khawr Ad-Dahariz
A l'est de Salalah, collé contre la ville, le Khawr Ad-Dahariz est une vaste lagune située juste de l'autre côté de la plage, au bout d'un fleuve côtier, un de plus... Les rives sont très végétalisées...
A part ça, aucun charme particulier, l'activité humaine se mêle à la vie sauvage et les voitures vont et viennent sur la bande de sable qui sépare la plan d'eau de la mer, passant tout près des très nombreux oiseaux installés ici, sans les déranger le moins du monde... C'est étrange, mais l'avantage de cette situation, c'est que je peux approcher tout près des rives et des vasières pour faire des photos... Je ne m'en prive pas...
Des Milans Royaux et, de Temps en temps, un Aigle Criard, survolent le site, surveillant le garde-manger qui semble inépuisable...
Il y a des Flamants Roses au coeur de la lagune et une bonne centaine d'Ibis Falcinelles sur les rives...
Ibis Falcinelles
Dans les joncs, du côté le plus végétalisé de la lagune, je vois d'assez nombreux Combattants Variés dans des plumages allant de l'internuptial au quasi-nuptial en passant par toutes les nuances des juvéniles...
Combattants Variés
Quelques Hérons Intermédiaires, Hérons Cendrés, Aigrettes des Récifs et un Crabier Chevelu... Des Chevaliers Arlequins, des Chevaliers Sylvains et des Chevaliers Aboyeurs...
Crabier Chevelu
Héron Intermédiaire
Pas mal de Galinules Poules-d'eau, quelques Sarcelles d'hiver et un petit groupe de Canards Siffleurs...
Sur les étroites vasières, juste au bord de la plage, il y a foule... Comme partout des Gravelots Mongols, très nombreux, mais aussi toute une troupe de Goélands Railleurs, plus d'une centaine, regroupés les uns contre les autres... Presque exclusivement des oseaux de 1er hiver...
Goéland Railleur de 1er hiver
Parmi les goélands, une Sterne Caspienne se repose... Elle est seulement à quelques mètres de la voiture et totalement indifférente aux déplacements des gens qui passent à pied... Inhabituel de voir cette espèce dans d'aussi bonnes conditions...
Sterne Caspienne
Un peu pllus loin, un Jacana à Longue Queue fouille l'eau peu profonde...
Jacana à Longue Queue
Et sur la plage, des Gravelots à Collier Interrompu... Un peu plus loin, au-dessus des vagues, le passage des Goélands de Hemprich et des Goélands Bruns...
Un site quasi urbain déroutant tant il est riche et facile d'accès...
Intermède montagnard
La route vers les montagnes
Nous partons de bonne heure pour atteindre les montagnes du Djebel Sahman au nord est de Salalah... Nous longeons l'océan, en bordure de la plaine côtière... Des étendues désertiques et pas mal de circulation, parfois interrompus par des troupeaux de dromadaires qui traversent... La circulation est bloquée pendant un moment, petit bouchon, et ça repart...
Un peu plus loin, un troupeau d'ânes dont les membres, créatures beaucoup plus flegmatiques et réfléchies, se contentent de regarder passer les voitures, indifférentes à l'autre côté de la route qui, au bout du compte, n'est que le pendant de celui où elles se tiennent déjà...
Et puis - ce qui devient banal dans la plaine de Salalah -, des aigles qui effectuent leurs vols matinaux dans le ciel proches du rivage marin : Aigles Criards, Aigles de Bonelli et Aigles Impériaux... Aussi nombreux que les buses en Limousin...
Aigle Impérial juvénile
Aigle Criard juvénile
Nous roulons jusqu'au bout de la plaine qui se rétrécit soudain, avec la route qui s'élève sur les contreforts de la côte devenue rocheuse...
Bientôt nous tournons à gauche et enfilons les lacets qui montent sur le plateau, à plus de 600 mètres d'altitude...
Tawi Atair
Pendant la montée, à ma grande surprise, je remarque d'assez nombreux baobabs dans les pentes escarpées et buissonnantes... Je ne pensais pas pouvoir trouver cette essence ailleurs qu'en Afrique (il faut dire que je n'y connais rien en baobabs !)...
Et puis brutalement, sans qu'aucun signe avant-coureur ne l'ait laissé anticiper, nous débouchons sur le plateau... Au même moment, je note une petite bande de Corbeaux à Queue Courte dont les membres semblent très agités... Bien vite, je comprends la cause de leur excitation : ils sont occupés à rendre impossible la vie d'un Aigle des Steppes qu'ils attaquent à tour de rôle et à grand renfort de cris... Ils le chassent finalement jusqu'à un arbuste où il se réfugie, interdit et comme à court d'arguments... Intransigeants, les corbeaux le tiennent à l'oeil depuis le fil électrique qui longe la route...
Corbeaux à Queue Courte
Je photographie l'aigle de mon mieux, qui se tient tout près de moi (pour un aigle), mais à mauvaise lumière... Impossible de le contourner pour mettre le soleil dans mon dos...
Aigle des Steppes
Nous roulons dans un paysage sans charme jusqu'au village de Tawi Atair... C'st carrément moche et relativement délabré... Aucune considération esthétique... Des camions à l'arrêt, des grappes d'hommes agglutinés autour des tables d'improbables cafés, pas une femme à l'horizon !... J'ai l'impression, par rapport à la zone côtière, en quelques kilomètres, d'avoir fait un bond de 50 ans en arrière... L'ennui se lit sur toutes les scènes que j'observe...
A la sortie du village, dans des virages assez serrés sur la route ceinte de murs de béton, je vois un oiseau qui me semble vert traverser devant la voiture et se percher dans un arbre... Je m'arrête et j'entends ce que j'espérais : les cris d'un Colombar Waalia, impossibles à cobfondre... Il s'agit d'un petit pigeon africain, très coloré, dont quelques couples vivent à Oman... Seulement je suis en contrebas de l'arbre où il est perché, coincé entre deux murs de béton et à moitié sur la voie publique... Je repère l'oiseau dans le feuillage, plutôt indistinct et à contre-jour... Je vole quelques photos que je sais mauvaises et quitte les lieux pour me garer un peu pllus loin, en toute sécurité... Je reviens à pied pour parachever mon oeuvre, mais hélas, il n'y a plus rien à voir ni à entendre... Ce sera ma seule rencontre avec l'espèce pendant tout le voyage... Frustrant...
Colombar Waalia
Nous quittons Tawi Atair et roulons vers le Djebel Sahman, à l'est... Encore un peu de verdure, ce qui ressemble à de l'agriculture... Quelques troupeaux de chèvres et de vaches...
Des chèvres aux couleurs bizarres...
Et des vaches plutôt classiques...
J'observe ici quelques oiseaux...
Une Perdrix à Tête Noire, espèce endémique de la péninsule arabique... Elle s'éloigne de la voiture, entre les pierres et les broussailles et je la photographie tant bien que mal... Ce sera la seule du voyage...
Perdrix à Tête Noire
Plusieurs Traquets d'Arabie, toujours des mâles... Ils se tiennent sur des fils électriques ou sur des murets de pierre...
Traquet d'Arabie
La végétation se raréfie, les dromadaires apparaissent... Le paysage devient définitivement minéral et nous quittons la route pour entrer sur des pistes rocailleuses... C'est le désert, encore une fois...
Les plantes sont rares... Et exceptionnelles... Parfois exceptionnellement belles...
Djebel Samhan
Et puis d'un seul coup, le plateau s'interrompt, brutalement, pour s'affaiser dans un précipice monstrueuxjusqu'à la plaine côtière... Du bord du vide, à droite comme à gauche, cet effondrement se prolonge indéfiniment pour disparaître à l'horizon...
Jamais vu une faille aussi spectaculaire... Nous marchons le long de la falaise, dans un sens puis dans l'autre...
Le ciel est parcouru par de nombreuses Hirondelles Isabellines et par des Corbeaux à Queue Courte généreux en acrobaties...
Hirondelle Isabelline
Autour d'une ruine proche de l'endroit où nous avons laissé la voiture, un petit groupe de Rufipennes de Tristram s'est installé...
Rufipenne de Tristram
Depuis le bord du précipice, je vois coté plateau, dans la caillasse, un Traquet Isabelle... C'est le seul contact que j'aurai pendant tout le séjour avec cette espèce...
Traquet Isabelle
Nous continuons comme ça, au bord du vide, à marcher en regardant bien où on met les pieds, partagés entre le vertige et l'admiration... Mais je me tais et laisse parler les images...
Ain Razat
Pendant la période où nous sommes restés dans la plaine de Salalah, nous sommes allés à plusieurs reprises passer un moment, en fin de journée, à Ain Razat...Il s'agissait en fait du lieu "naturel" le plus proche de Salalah... Hors de question, bien sûr, pour nous, de rester en ville ... Ain Razat, comme le nom l'indique, ce sont des sources qui s'écoulent, au pied du relief, dans la plaine côtière... Ici, c'était moins sauvage qu'à Ayn Hamran que nous avions déjà visité ou Ain Tobruk qu'on allait bientôt découvrir... Des bassins maçonnés captent les sources et donnent à l'ensemble un côté un peu artificiel, accentué par la présence d'un petit parc à l'entrée d'un parking...
Des gens viennent ici en fin de journée, pas trop nombreux cependant... Ils étendent de grands tapis sur le sol et s'installent en famille pour prendre le thé et le repas du soir...
Il y a quelques oiseaux, mais je ne note rien que je n'aie vu ailleurs, hormis un jeune Bihoreau Gris peu farouche...
Bihoreau Gris juvénile
Nous flanons dans le coin, tranquillement, pour échapper à la ville en attendant le repas du soir...
Les gens qui sont là, peux nombreux heureusement, nous interpellent et nous parlent... Ils nous offre des boissons et de la nourriture... Une famille nous invite à partager leur repas sur un immense tapis, ils sont deux couples, parents et grands-parents, accompagnés de cinq enfants... Nous passons deux heures avec eux... Une rencontre magnifique et un sens de l'hospitalité absolu... La quintessence des ces superbes rencontres sans lendemain...
Les gamines nous questionnent sans cesse, dans un anglais plus que correct : où vivons-nous, comment nous sommes-nous rencontrés, combien d'enfants avons-nous, quel est notre travail... Elles sont à la fois polies et enthousiastes... Adorables... Un moment magique et inoubliable...
Ce moment sera un des points d'orgue du voyage, un coktail de curiosité, de gentillesse et de chaleur humaine...
La suite arrive !...