Rémiz Penduline à Villalpando (25 mai 2012)
Retour en Espagne... Ou plutôt, je n'en suis pas encore parti...
J'avais cherché la rémiz penduline, pseudo mésange, dans tous les lieux où on la signalait et que je frôlais : embouchures du Tech et de la Têt en Roussillon : rien... Rives du Duero, du Tage, de l'Ebre où l'on m'assurait qu'elle était là : nada !... Je désespérais...
Bien sûr, j'avais vu quelques uns de ces oiseaux en Camargue, en hiver, dans de vastes roselières... Pas mûrs pour la photo... Trop mobiles, trop lointains... Ou j'étais trop mauvais...
Et puis, comme souvent, l'inspiration pure et simple est venue à mon secours... Je logeais à Villalpando, une toute petite ville de Castille, harassée de soleil et de poussière, aux confins des plaines de Villafafila... Chaque matin, j'allais voir les outardes et les autres oiseaux du secteur... Juste à la sortie de la ville, je passais sur un petit pont, avec une rivière de 1,50 m de large et un bouquet de trois saules à 100 mètres de la route... Les jours passaient... Matinées steppiques et après-midi d'errance, entre Salamanque, les villages de Castille et les rives du Duero où les rémiz restaient invisibles, alors que tout était en place pour qu'elles apparaissent et que je savais qu'elles occupaient ces berges arborées...
J'ai dit : basta !... Le dernier matin de mon séjour, pas de steppe, pas d'outardes, de busards ou de gangas... J'ai garé ma voiture tout près du petit pont et je suis descendu... Au bout de quelques mètres, j'ai entendu les cris... Au bout de 2 minutes, j'avais trouvé le nid...
Je suis profondèment athée et peu porté à la superstition, mais parfois je crois être touché par la grâce !... Basculement de la disette vers l'abondance soudaine... Sans entraves... Juste là, devant moi... La lumière à peu près au bon endroit...
Quand j'ai regardé les photos, j'ai cru identifier un mâle sur chacune d'entre elles... Je pense que la femelle couvait... Le masque noir de cette dernière serait probablement plus étroit...
Le nid, c'est une véritable oeuvre d'art... Une pelote de duvets végétaux tissés, suspendue sous les feuilles d'un saule, au-dessus de l'eau... Une rivière plus large m'aurait éloigné et privé d'angles favorables... C'était incroyable...
J'ai vu le petit oiseau récolter la bourre pour le nid sur les châtons d'un peuplier, sur la rive opposée...
La rémiz est une acrobate, remuante et instable... Le mâle faisait des passages réguliers au nid... Il se posait dessus... Ou alors, il entrait par le petit orifice, probablement pour nourrir sa compagne...
Je suis resté là deux heures... Je ne croyais pas à ma chance... A la chance... Quelle déterminisme m'avait "agi" ?... Quel enchaînement d'idées, forcément logique, mais impénétrable à ma raison "raisonnante", avait bien pu faire que mes yeux se portent sur ce coin anodin et dictent à mon cerveau d'y chercher cet oiseau ?...